Eternelles AmazonesAmazones-jardinerie-Gally-front-bleu-tête-jaune-comportements-perroquets-psittacidés-oiseaux-animal-animaux-compagnie-animogen-1 (2).JPG
Un de mes péchés mignons est la flânerie dans les jardineries. A la belle saison, on assiste à l'éclosion printanière des plantes extérieures ; à Noël, les effets de décorations sont magiques. A l'intérieur, j'adore voir se côtoyer les cactées et les succulentes, les carnivores et les tropicales luxuriantes. Je me promenais donc un jour dans un de ces lieux propices à la rêverie lorsque je découvris tout au fond de la jardinerie, à demi-cachée par la végétation tropicale, une volière.
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Adossée contre un mur de même couleur que sa structure, enfouie dans l'exubérance végétale, cette volière est presqu'invisible. Elle abrite deux
Amazones, l'une à
front bleu et l'autre à
tête jaune. La couleur verte de ces perroquets contribue à renforcer cette impression d'invisibilité puisqu'elle se fond parfaitement avec le couvert végétal.
En m'approchant un peu, je remarque que ces Amazones sont excessivement discrètes. Je suis revenue bien des fois depuis, et je constate chaque fois la même chose. Elles ne sortent jamais, ne font jamais de bruit, somnolent la plupart du temps et se déplacent comme au ralenti. On dirait que leur vie se pétrifie lentement, qu'elles ont adopté le rythme végétatif des plantes en dormance.
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J'observe dans le même temps que quelqu'un prend soin d'elles ; des branchages et des boîtes en carton donnent un peu de chaleur à leur volière. Des écuelles de graines, de légumes et fruits frais en tapissent le fond. Un plastique à bulles habillent les parois en guise de protection hivernale à la saison froide. Mais cette personne demeure très mystérieuse car on ne la voit jamais.
J'essaie d'en savoir un peu plus au sujet de ces Amazones. O surprise, personne ne sait me dire depuis combien de temps elles sont là ; elles sont là depuis toujours. Personne, non plus, ne connaît leur nom ; ils ont oublié.
Je trouve enfin une personne qui m'apprend qu'elles se nomment Peanut et Cacahuète et qu'elles sont deux femelles qui se tiennent compagnie depuis...une quarantaine d'années ! A la lumière de cette découverte, tout s'éclaire : ces belles au bois dormant sont en fait de très vieilles dames dont la vie s'assoupit.
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Car elles ont connu leur heure de gloire. A une certaine époque, leur volière était placée au centre de la jardinerie, bien en vue. Leurs cris puissants ponctuaient la vie de la jardinerie, leurs bavardages joyeux et leur imitation de la voix humaine (surtout l'Amazone à tête jaune) faisaient la joie des enfants. On les sortait de leur volière. En bref, elles étaient les reines de la jardinerie.
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Peanut et Cacahuète sont toujours là, mais elles mènent désormais une vie doucement engourdie, à l'écart de toute agitation, et un peu oubliées. L'Amazone à tête jaune se
pique sévèrement depuis peu ; elle a passé l'hiver mais ses plumes ne repoussent pas. Je me dis qu'un jour l'une d'entre elles partira sans crier gare, ensuite l'autre la suivra... Et la volière disparaîtra, laissant la place à la prolifération tropicale qui reprendra ses droits. Comme si, sur cette vie qu'il avait commencé à enserrer progressivement, le rideau végétal se refermait à tout jamais.
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Source : Christine
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"Comme un oiseau que stupéfie une ligne tracée devant lui sur le sol" Julien Gracq