Un perroquet non sevré est-il plus enclin à se lier à son humain ?
Certaines affirmations peuvent faire douter du choix à faire lors de l'adoption d'un psittacidé, surtout lorsqu'il s'agit du premier. "Votre perroquet sera bien plus proche de vous si vous le choisissez non sevré" ou "adoptez votre perroquet dès maintenant, il est sevré mais a encore besoin d'être nourri à la main quelques semaines en complément". L'un des plus gros mensonges qui soient, colporté notamment par les vendeurs ou éleveurs les moins scrupuleux, est sans aucun doute celui-là. Nous ne comptons plus les adoptants qui se retrouvent avec un oiseau en bas âge par choix ou tromperie.
Toutefois, le propos n'est pas ici de juger, mais plutôt de se demander s'il est vrai qu'un juvénile se montre plus proche de son humain.
En réalité, la réponse à cette question repose sur trois points majeurs :
- socialisation
- sevrage
- expérience
En ce qui concerne la socialisation, nous avons déjà vu ICI à quel point elle était importante. Un animal manipulé régulièrement, que ce soit au nid (MAN) ou lors des nourrissages quotidiens s'il est élevé à la main (EAM), est plus enclin au contact spontané, car la main de l'homme appartient à son paysage familier.
D'autre part, les stimulations diverses qu'il a pu recevoir à partir de la sortie de l'oeuf jusqu'au sevrage sont à étudier. Cela s'appelle l'enrichissement. Si les nouvelles expériences sont agréables, on dit qu'il est positif. A défaut, l'oiseau gardera en mémoire que ce n'est pas bon pour lui, qu'il n'en retire rien d’intéressant, aussi le classera-t-il dans les choses à éviter. Toutes les nouvelles situations auxquelles il est mis en présence sont donc primordiales pour son éveil, au même titre que pour nos bébés humains. Par conséquent, un oisillon élevé "à l'abri" de tous les bruits, des mouvements et de la vie de famille, a de plus fortes chances d'être anxieux et instable à l'âge adulte. Il sera peut-être proche de son humain mais là encore, pas plus qu'un sujet acquis sevré.
En effet, d'autres facteurs entre en ligne de compte. Comment son maître va-t-il s'occuper de lui ? Sera-t-il assez présent ? Saura-t-il gérer ses craintes, ses cris et comprendre ses colères ? Tout cela intervient aussi dans le comportement à venir du perroquet. Un juvénile, pour s'habituer à l'homme, a besoin d'être manipulé souvent, et pas seulement lors de ses repas. C'est une opération beaucoup plus délicate qu'il n'y paraît, aussi faut-il impérativement en laisser le soin aux professionnels. Si vous avez à faire à un éleveur consciencieux, celui-ci veillera à ce que l'oiseau soit sevré à l'âge voulu selon son espèce, progressivement.
Les exemples d'adoption en bas âge se soldent souvent par de nombreux problèmes comportementaux, longs et difficiles à résoudre. Le bénéfice est donc minime, si l'on songe à tous les problèmes potentiels auxquels l'animal se trouve exposé. Etablir un lien très fort avec son oiseau dépend en définitive de trois points majeurs :
- un bon sevrage.
- un éveil des sens et une ouverture au monde encouragées dès la naissance, par le biais de nombreuses nouvelles expériences, y compris avant l'adoption.
- la capacité du maître à comprendre et satisfaire les besoins de son compagnon dès l'adoption, à gérer les problèmes rencontrés.
En conclusion, un perroquet non sevré n'est pas plus enclin à se rapprocher de son maître, quoi que l'on puisse vous dire.
source : angelk