L'élevage à la main (EAM) et l'élevage par les parents (EPP) : l'une de ces méthodes facilite-t-elle l'apprivoisement des perroquets?
Chez la plupart des psittacidés, la mère s'occupe des petits. Elle se charge de couver et surveiller les œufs. Cependant, il en est autrement pour certaines espèces. Chez les aras, conures et calopsittes, en fonction du moment de la journée, c'est l'un ou l'autre des parents qui couve. Au cours de la journée, c'est le mâle et la nuit, c'est au tour de la femelle. Néanmoins, chez la plupart des perroquets, les deux partenaires prennent soin des petits pour les nourrir de la naissance au sevrage. Certains parents se montrent particulièrement appliqués par rapport à d'autres. Ce constat conduit parfois les éleveurs à pratiquer ce que l'on nomme "l'élevage croisé". C'est une pratique courante, mais qu'il convient de réserver à des espèces semblables. A défaut, maladies et de désordres comportementaux pourraient survenir. Aussi, les aviculteurs n'élevant qu'une seule espèce obtiennent souvent de meilleurs résultats.
Cependant, les éleveurs pratiquent aussi l'élevage à la main (EAM), qui consiste à retirer les petits à leurs parents pour les nourrir artificiellement avec une bouillie spécialement conçue pour cet usage. Ils sont alors maintenus dans un milieu chaud et humide, en couveuse, jusqu'à ce qu'ils soient un peu plus grands. La pensée généralement admise est qu'ainsi les jeunes sont plus familiers et dociles par la suite vis à vis de l'homme. Or, une étude a été menée pour l'établir avec certitude. Son objet était de démontrer si les jeunes élevés de la sorte devenaient des compagnons plus proches de l'homme, d'une part, mais aussi de déterminer si le risque d'imprégnation sexuelle sur l'ami humain s'en trouvait réduit. Des amazones à ailes oranges (Amazona amazonica) ont ainsi été couvés et élevés par leurs parents prélevés à l'état sauvage, puis retirés du nid et manipulés à différents stades de leur évolution.
Au cours de la première expérience, 6 petits ont été manipulés 10 à 20 minutes par jour, du 10 ème au 39 ème jour de leur vie, puis 20 à 30 minutes quotidiennes du 40 ème au 57 ème (moment de l'envol).
Quatre autres sujets n'ont pas été manipulés en dehors des pesées et traitements médicaux nécessaires.
Une fois sevrés, la docilité des deux groupes a été évaluée à travers leur façon de se conduire avec l'homme, se percher sur son doigt, être touchés sur la tête et de par leur rythme cardiaque à l'approche du soigneur. Les perroquets ont montré des signes de familiarité distincts.
Une seconde expérience a consisté à manipuler un échantillon de trois poussins pendant une demi-heure, quatre fois par semaine soit de l'âge de 15 à 36 jours, soit de 35 à 56 jours. Les résultats se sont révélés identiques à ceux du premier test. En réalité, les jeunes élevés à la main plus tard tendent à se montrer légèrement plus familiers et dociles que les autres.
Au cours des deux expériences, les jeunes ont été en contact avec l'homme moins de 2 % du temps passé auprès des leurs. Il est donc peu probable qu'ils aient été imprégnés filialement ou sexuellement par les humains. Même si une manipulation prolongée et continue contribue sans doute à renforcer la docilité des psittacidés, ces résultats tendent à prouver que la manipulation de perroquets en bas âge élevés par leurs parents (EPP) demande peu d'efforts pour élever les petits artificiellement et en faire des animaux apprivoisés et améliorer leur adaptation à la vie en captivité.
Source : Taming parent-reared orange-winged Amazon parrots by neonatl handling, 24 septembre 1999 (Wendi L. Aengus, James R. Millam)