On dit toujours que plus un perroquet est confronté à des situations diverses et plus il multiplie les expériences , plus il sera capable de s'adapter et mieux il sera dans sa tête et dans ses plumes. On pense bien sûr à lui présenter toute une kirielle de jouets et de jeux tous plus variés les uns que les autres, à lui faire visiter toutes les pièces de la maison, et à le faire interagir avec tous les familiers et invités de la maison. Mais on peut aussi prendre cette théorie au mot et, avec un maximum de précautions, faire voyager son perroquet.
Bob est arrivé, un beau matin, comme Biscuit et Groseille, par transporteur, dans sa petite boîte de métal et de bois. Ce fut là son premier voyage qui annonçait son avenir de globe-trotter. Il avait toujours été entendu qu'il nous suivrait dans les maisons de vacances familiales, il prit donc l'habitude de nous accompagner en voiture, dans sa petite boîte, en Bretagne, en Auvergne et dans les Alpes. Donc, quatre maisons différentes, deux cages à demeure et une cage pliante de voyage. Je me suis très vite rendu compte que Bob préférait être coincé dans sa petite boîte avec nous (il chante et mange en voiture) plutôt que d'être laissé tout seul dans une grande cage ou une pièce spacieuse. Rien de pire que la séparation pour un perroquet.
La découverte et l'utilisation du sac à dos permit d'augmenter le champ des expériences et d'envisager un voyage plus itinérant. Le sac à dos a rendu possible les promenades et randonnées. Bob nous a donc suivis en Angleterre, où il a connu la pluie, le vent et une température de 13 degrés, puis en Corse, où il a supporté les rayons du soleil (à l'abri d'un tissu blanc, toutefois) et une température de 30 degrés. L'altitude ne le dérange pas plus que les profondeurs de la terre qu'il explora le temps de la visite d'un souterrain.
Il est capable de faire jusqu'à dix heures de voiture (avec une partie de nuit, donc il dort) en alternant boîte et sac à dos selon la place dont nous disposons. Et croyez-moi, il faut avoir le pied marin dans le sac à dos, sur les routes sinueuses des montagnes corses où des dos-d'ânes abrupts surgissent tous les cent mètres ! Nous sommes partis dans les deux cas en bateau, et Bob a découvert ainsi la déambulation sur le pont avec les gerbes d'écumes et les embruns qui viennent s'écraser contre le fin grillage qui lui sert de fenêtre.
Au cours de ses voyages, Bob a fait des rencontres mémorables.
Tout en jonglant avec les moyens de locomotion et les lieux de séjour, Bob doit aussi cheminer entre illusion et réalité. Dans un hôtel en Corse, Bob a tenté de me rejoindre dans la salle de bain pendant que je me lavais les dents. Mais il y avait un tournant à prendre dans lequel se trouvait un miroir. La première fois, Bob se dirigea vers le miroir pour me retrouver, et revint penaud se poser sur sa cage. La seconde fois, mon coquin prit parfaitement son tournant et me rejoingnit avec succès dans la salle de bain.
Voilà ce que l'on peut faire avec un perroquet. Cela ne veut pas dire que tous les perroquets doivent voyager de la sorte. Il faut tenir compte du fait que Bob est un perroquet de dimensions modestes, seul, amazone de surcroît, donc très adaptable et moins sensible au stress que d'autres espèces. Emmener Bob le temps d'un voyage, même si cela ne simplifie pas la vie, a été pour moi une expérience très positive, car elle a renforcé complicité et discipline (rentrées fréquentes et sorties prolongées dans le sac à dos...). Et que voulez-vous, je supporte mieux la chaleur et je monte plus aisément en montagne lorsque Bob est dans mon dos, et qu'il me gazouille des mots doux à l'oreille.
