Animogen au royaume des abeilles : la vie de la ruche
Dans notre précédent article, nous vous avions expliqué quel était le travail des apiculteurs. Nous allons ici aborder le thème de la vie dans la ruche, qui n'est pas sans intérêt, tant par ses multiples facettes que par sa complexité. Il existe plusieurs variétés d'abeilles, mais celle que nous avons pu observer est l'abeille noire (apis mellifera mellifera), assez agressive. Elle est aussi moins prolifique que certaines autres et son couvain plus sensible aux maladies. Les quatre races les plus communes sont apis mellifera, cerana, dorsata et florea. D'autres ont été découvertes et sont toujours à l'étude.
La ruche est le nid des abeilles. Elles y vivent, s'y reproduisent et y élèvent leur descendance. Certaines alvéoles contiennent des larves de jeunes abeilles. On nomme cette partie le "couvain". La plupart sont nourries avec du miel par les ouvrières, ce qui fera d'elles des ouvrières à leur tour. Ces dernières passent par plusieurs stades tout au long de leur vie, en fonction de leur âge. Elles sont d'abord nettoyeuses, puis nourrisseuses, cirières et enfin butineuses. Seules ces dernières sortent de la ruche. En fin d'après-midi, celles qui restent à l'intérieur effectuent ce que l'on appelle un "vol de propreté". Elles sortent alors de la ruche pour faire leurs besoins à l'extérieur.
Quelques mâles sont aussi élevés. Ils ne servent qu'à assurer la survie de la ruche en tant que reproducteurs. Une à plusieurs larves sont nourries avec de la gelée royale. Elles deviendront ainsi des reines. Ces dernières sont déjà reconnaissables à ce stade à la forme de la poche qui dépasse de leur alvéole. En effet, celle-ci est oblongue pour les reines, tandis que celle des mâles est rebondie et celle des ouvrières sans relief particulier.
Lorsque plusieurs reines voient le jour en même temps, la première née tue les autres. Mais lorsqu'une reine âgée est déjà là et qu'une nouvelle voit le jour, l'essaim va se diviser, créant deux colonies. L'une d'elles va alors quitter l'essaim d'origine pour aller s'installer ailleurs et former le sien. On parle alors d'essaimage. Pour l'essaimage la reine est mise à la diète pour qu'elle puisse voler, car en temps normal elle est alourdie par la nourriture et les larves en gestation.
Lorsque c'est une vieille reine qui essaime, on parle "d'essaimage primaire". Dans ce cas, la colonie s'éloigne peu et se fixe à une faible altitude (sol ou buissons), car la reine est assez lourde. "L'essaim secondaire" est en revanche formé avec une jeune reine. La colonie va alors se déplacer plus loin et haut.
En hiver, la ruche est au repos, la nourriture n'étant pas disponible en abondance. Le métabolisme change alors, pour permettre à l'essaim de passer l'hiver, passant l'espérance de vie des insectes au-delà des quatre mois habituels. Cela permet à la colonie d'assurer sa survie jusqu'au printemps. Lorsque les butineuses reviennent, affaiblies et chargées de pollen, les gardiennes les tirent alors vers l'intérieur de la ruche pour les aider à entrer. Certaines doivent parfois se poser pour reprendre leurs forces avant de parvenir à viser précisément l'entrée pour se poser. Les gardiennes veillent aussi à maintenir la température intérieure stable (31à 32C°) en empêchant qu'un trop grand nombre de butineuses ne sortent. Lorsque la nourriture vient à manquer, les mâles sont sacrifiés pour permettre aux autre abeilles, plus productives, de rester en vie.
Les abeilles produisent de nombreuses substances utilisées par l'homme : le miel, la cire, le pollen et la gelée royale. Mais elles récoltent aussi sur les bourgeons une substance résineuse moins connue du grand public et appelée "propolis" pour obturer les fissures de la ruche. Cela sert de ciment et possède des vertus thérapeutiques. Elle combat la toux et aide à lutter contre la grippe.
Lorsqu'une abeille pique, elle "marque" sa victime en déposant des phéromones. Lorsque les autres abeilles les identifient, elles savent que cette personne ou cet animal représente un danger pour la ruche. Aussi, toutes celles présentes dans le secteur vont-elles se précipiter dessus et se sacrifier en piquant à leur tour pour chasser l'intrus. J'ai été piquée lors de ce reportage et il n'a pas été nécessaire que l'on m'explique cela deux fois pour que je m'éloigne. Néanmoins, une abeille ne pique qu'une fois dans sa vie et meurt ensuite. Le plus souvent, elle perd son dard dans la bataille et ses entrailles par la même occasion.
Pour calmer les inflammations causées par le venin d'abeille, les apiculteurs ont un secret. Ils utilisent une plante du nom de "mauve". Il s'agit d'un végétal sauvage aux fleurs violettes. Ces dernières sont placées dans de l'alcool. Elles macèrent alors et acquièrent des vertus thérapeutiques permettant de faire dégonfler la zone touchée par le poison, mais aussi d'en calmer les effets et d'en limiter la propagation. Cette petite astuce peut être utile, ne l'oubliez pas.
Remerciements : merci à Jean-Pierre BONZON qui a rendu cet article possible. Nous remercions également Chantal AIME, présidente du CIVAM, Guy CEROU, secrétaire et Éric MASSA, trésorier de nous avoir accueillis au sein de leur association de passionnés.
Source : angelk
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