Bonjour à tous, je voulais vous faire partager ce que j'espère être le début d'une belle amitié.
Tout commence le jeudi 14 juillet alors que je visite un des points de vente que je gère.Alors que je discute dehors (interdiction de fumer dans les lieux publics oblige), un ovni venu du ciel me fonce droit dessus.En regardant de plus près, je m'aperçois que c'est un bébé pie qui me fixe avec des grands yeux bleus.Après l'avoir observé, j'en déduit qu'elle n'est ni malade, ni blessée mais simplement épuisée d'avoir lutté contre ce vent qui souffle très fort ce jour là.
Elle réclame à grand renfort de cris quelque chose à manger, je lui donne ce que j'ai sous la main : des madeleines trempées dans de l'eau. Verdict: "hum très très bon".Après avoir poussé un petit roupillon sur moi, elle se perche sur ma tête et observe tout ce qui se passe.Quelque heures plus tard, il me faut rentrer.Et oui, à la maison mes deux plumeaux d'amour attendent eux aussi que l'on s'occupe d'eux.Mais que faire, la laisser à la merci de prédateurs (animaux comme humains d'ailleurs...) ou la ramener avec moi? Elle prend elle même la décision, elle monte en voiture, se perche sur le tableau de bord et nous démarrons.
Arrivées à la maison ,elle fait le tour du propriétaire et trouve le bar extérieur à son goût. Ça tombe bien parce qu'avec Eric (mon mari) nous sommes d'accord, il est hors de question de mettre cette pie en cage puisqu'elle sait voler.
Le repas du soir est plutôt folklorique et l'expression "voleuse comme une pie" prend tout son sens.Par contre, elle si intéressée par mon rosé l'est beaucoup moins par ma tasse de café et du coup s’endort sur mes genoux.
Eric me fait remarquer que si elle reste dehors sans se percher dans les arbres, elle à la merci des chats etc.Il lui fabrique donc un perchoir vite fait et le place dans un placard ouvert.Elle pourra dormir en hauteur à l'abri du vent.
Bonne nuit Lapie (c'est comme ça que nous l'avons baptisé.Les humains ne font pas forcément preuve d'originalité).
Vendredi 16, 6h45 : Eric passe par la terrasse pour voir si Lapie est toujours là.Ô miracle, elle y est et dès qu'elle nous voit vient nous dire bonjour (avec sans aucun doute l'arrière pensée du "miam").
Eric: "Bonjour fifille, t'as fait un gros dodo?Maman va te faire à manger"J’assiste donc stupéfaite à la "gagatisation" de mon époux par une pie (à mettre dans les anales familiales).
Je m'occupe de mes bébés, Kymie boude (comme très souvent le matin) et Igor appelle Tasko qui s'en tape royalement.Un matin presque ordinaire à la différence que maintenant il faut que je sorte nourrir Lapie.
Je l'appelle parce qu'elle ne vient pas directement:pas normal .Après m'être époumonée pendant 1/4,vérifié qu'elle n'était pas sur un des toits et avoir réveillé le quartier, j'envoie un texto à Eric: "C'est pas normal Lapie ne vient pas manger, j'espère qu'elle n'a pas suivi la voiture".Réponse: "Laisse lui à manger et à boire au même endroit qu'hier".
J'arrive au boulot "pas bien" avec un sale pressentiment, je ne peux pas m'empêcher de penser que la logique voudrait qu'elle soit là pour manger.C'est un bébé et elle n'a pas mangé de la nuit: c'est vraiment curieux...
Vers 11h Médéric (mon fils) me téléphone pour me dire qu'il ne trouve toujours pas Lapie.Quand je rentre vers 12h30, on la cherche et on l’appelle à deux, toujours pas de Lapie.
14h00: Eric part manger
14h15: Eric revient en trombe.Je me doute qu'il ne vient pas m'annoncer qu'il n'a pas réussi à réchauffer sa bouffe.
Effectivement puisqu'il me dit: "retourne à la maison, j'ai retrouvé Lapie sous la voiture des voisins mais elle est salement amoché.Elle saigne beaucoup d'un côté mais je n'arrive pas à voir ce qui a été touché."
Quand j'arrive Médéric a mis Lapie sur le plan de travail et m'a préparer des compresses et de la bétadine.Je nettoie et je remarque rapidement que ce qui dépasse, c'est l'os de l'aile gauche mais je n'arrive pas à voir si elle est blessée sous l'aile et c'est ce qui m'inquiète le plus.
Plus le temps de tergiverser, elle perd trop de sang.Je dit à mon fils de la mettre dans une serviette éponge et nous l'emmenons dans une clinique vétérinaire à côté de la maison.Après une attente de plus 10mn dans une salle d'attente surchauffée, remplie de chiens (à croire qu'ils se sont tous donné le mot pour être malade le même jour...)et sans que personne ne se préoccupe de pourquoi je suis là, je repars et décide d'aller dans une autre clinique.Médéric parle à Lapie qui le regarde avec une confiance absolue dans le regard.Instant magique où on se dit que l'instinct de survie animal est plus fort que tout.
Arrivée dans cette autre clinique où ils ont eu la bonne idée de mettre la clim (juste ce qu'il faut.Merci).
De suite la personne à l'accueil me demande le pourquoi de ma visite,je "la fait courte" et lui explique dans les grandes lignes."Pas de problème, allez la chercher".Médéric qui attendait dans la voiture arrive donc avec Lapie.(à cet instant, une pensée complétement stupide me traverse l'esprit:"et zut son jean est foutu".)
Elle attrape Lapie par le haut du cou et la conduit pour voir le vétérinaire en nous disant d'attendre.
Je capte quelques mots au passage: gazage, à qui? , frais?...
Ha enfin, Mr le docteur vient nous voir (j'espère qu'il soigne aussi bien qu'il est mignon).
Première question:"Elle à vous cette pie?Parce que vous comprenez, au niveau des frais..."J'hésite entre m’énerver de suite ( et perdre du temps) ou comprendre que l'argent c'est le nerf de la guerre et donc d'expliquer gentiment mon histoire au monsieur.J'opte pour la deuxième solution et ré explique mon histoire au véto que je trouve beaucoup moins mignon(mais bon, si il arrive à sauver Lapie c'est le principal après tout).
Deuxième question: "Elle s'est fait ça comment?".A cet instant, ma tension doit culminer à 18.Mais il faut rester zen et sourire au monsieur.Parce que j'ai bien envie de lui répondre qu'on s'en fout dans l'absolu de comment elle s'est ça!La priorité c'est de tout faire pour la sauver.
Enfin, il me dit: "Bon, on va la mettre en caisson de gazage pour l'endormir et l'ausculter.Mais il faudra certainement faire une radio et vous comprenez, ça fait des frais ..."Je suis déjà en "zone rouge" au niveau nerveux, je lui répond:"Bon écoute, t'as peur de quoi?Tu vas l'avoir ta thune!!"Je croise le regard "meurtrier" de mon fils (et je pense à maman qui ne pas élevé comme ça) et je me reprends immédiatement "Excusez moi, je suis surmenée.Ne vous inquiétez pas, je vous réglerais tous les frais."
"Revenez vers 18h, mais le pronostic vital est engagé".
Je retourne au boulot.Moi qui ai toujours rêvé de faire rentrer 48h dans 24, je trouve que cette après midi n'en finie pas.Alors au vu des heures qui passent quand même, je me mets à espérer en me disant que si ça n'allait pas, on m'aurait appelé puisqu'ils ont mes coordonnées.
17h45, je téléphone à Médéric pour lui dire de m'attendre à l'entrée de la maison et que nous allons chercher Lapie si elle est toujours en vie...
Quand on arrive à la clinique, sur un banc de la salle d'attente est posée une caisse de transport avec des chiots minuscules qui "pleurent".Médéric me dit: "Ho ils sont mignons, c'est quoi comme race?".Je lui répond que je ne sais pas et là je l'entend, c'est Lapie, je suis certaine que c'est elle!!
Le vétérinaire arrive avec un grand sourire (il est décidément pas mal du tout...)."Vous l'entendez?C'est la vôtre qui crie comme ça".A cet instant, j’oublie tout mais le véto me fais redescendre de mon petit nuage:"Voici les radios (c'est moche un oiseau sur une radio), c'est quitte ou double; Elle a une fracture ouverte et de plaies sous l'aile. Apparemment aucun organe vital n'est touché.Ce qui m'inquiète c'est cette fracture ouverte.Hormis le risque d'infection, on va peut être devoir l'amputer de l'aile parce qu'on ne peut pas l'immobiliser.Je vous laisse seule juge de savoir si on laisse vivre un oiseau avec une seule aile...Sinon pour le moment c'est antibio pendant 10 jours à raison de 0,1/jour et bétadine jaune sur les plaies."
Je lui demande par acquis de conscience si elle a déjà eu un antibiotique cette après midi et si oui si je commence le traitement demain matin.Il me répons que oui.Ouf, c'est déjà ça de moins à gérer ce soir.
Je demande combien je dois, la dame me dit: "110 euros si il vous plaît".Ben ça me plaît pas tant que ça mais Lapie est vivante, elle vocalise dans la caisse de transport et en étant honnête si elle m'avait demandé le double, je lui aurait donné (et puis comme dirait maman: "les pâtes même sans beurre c'est très bon!" Merci Lapie, on oublie trop souvent d'où l'on vient...).
Arrivée à la maison.Gros doute, gros stress: a t'on le droit de contrarier la nature?Mes doutes sont balayés par Eric qui a fait le "pari de la vie", qui était certain que sa fifille allait vivre; il a fait ce qu'il s'est toujours refuser de faire pour un oiseau du ciel (et nous étions d'accord), une cage pour mettre Lapie la nuit dans la maison.
21h00, la pie vaque à ses occupations, entendez par là ramasser et voler tout ce qui se trouve à sa portée.J'ai déjà téléphoné chez les amis qui nous attendent, dans le sud l'été l'apéro s'éternise donc nous sommes dans les temps.
Je "couche" mes perroks et Eric s'occupe de mettre Lapie à son dodo.
Samedi 6h00.Je n'arrive plus à dormir, je me demande si Lapie va bien ,si elle s'est pas blessée plus en voulant peut être sortir de sa cage.J'écoute, aucun bruit dans la maison.Bon ou mauvais signe?
7h00.Je me lève, Eric me fait remarquer que je n'ai dormis que 5h00 et qu'à ce rythme en bossant en moyenne dix heure par jour, ça ne va pas le faire.M'en fout, tout ce que je veux savoir c'est si mes bébés vont bien.Je n'ai quasi aucun doute concernant Kymie (ce perroquet m'impressionne par sa faculté d'adaptation), j'ai plus de doute concernant Igor(il a peur de tout et il est très possessif) et reste ma Lapie... Les deux perroks vont super bien, Kymie fait encore dodo, Igor me dit bonjour.Je m'approche de la cage de Lapie avec la peur de ne plus la voir vivante.Mais si, Lapie a résolument décidé de s'accrocher. Elle me fait comprendre qu'elle veut sortir de là et qu'elle a faim.
1er repas de la journée: antibio.Réponse immédiate, c'est pas bon!Deuxième torture: la bétadine sur les plaies.Je reste admirative devant le courage de ce petit oiseau.Je me dit qu'aucun être humain ne résisterait à la douleur (certes nécessaire) que je viens de lui infliger.Elle capte tout de suite où se trouve l'auget avec la nourriture et celui avec l'eau.
Igor la voyant par terre (avec son aile qui traîne, qui saigne, avec toujours l'os apparent) me demande: "c'est oiseau?"
Je t'adore mon poulet, même dans les pires situations, tu arrives à me faire rire.
Aujourd'hui dimanche Lapie va bien (c'est en tous cas ce qu'elle montre...), elle mange super bien, elle boit, elle adore être dehors (ce qui n'est pas évident parce qu'il faut la surveiller sans arrêt) et elle fait d'assez belles fientes (je ne savais pas que les pies faisaient si souvent d'ailleurs).
Je vous poste quelques photos du jour de son arrivée.Celles que j'ai prise depuis n'ont pas d’intérêt sur le forum.
Je vous tiendrais au courant de l'évolution et je veux croire Eric qui la voyant soulever son aile malade en criant m'a
dit:"Elle va guérir et voler ma fifille, c'est une wineuse!"
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"l'Homme est le seul animal qui rougisse;c'est d'ailleurs le seul animal qui ait à rougir de quelque chose."(G-B Shaw)