Le perroquet dans Tintin
Posté : 11 Mar 2012, 17:49
Le perroquet dans Tintin
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais les aventures de Tintin ont bercé ma jeunesse et j'ai toujours pour elles beaucoup de tendresse.
C'est pourquoi, lorsqu'un jour, quelqu'un m'a dit : "Tu as un perroquet vert comme dans l'album de Tintin, L'oreille cassée!", cela m'a beaucoup amusée.
J'y ai repensé par la suite et je me suis rendu compte qu'effectivement, il y avait des perroquets dans l'univers de Tintin. Ils revenaient tout de même dans quatre albums: Tintin au Congo (TC), L'oreille cassée (OC), Le trésor de Rackham le Rouge (TRR), et enfin, dans Les bijoux de Castafiore (BC). Hergé n'était donc pas indifférent aux perroquets...
Notre oiseau y apparaît comme un oiseau exotique aux couleurs chatoyantes : ce sont des aras dans TC, TRR et BC, et un amazone semble-t-il dans OC. Mais c'est surtout un oiseau insupportable, pinceur, bavard, et criard.
Pinceur, Milou en fit les frais dans TC et OC, Tintin et Ramon (les bons comme les méchants) dans OC; le capitaine Haddock est une victime de prédilection dans BC.
Bavard et criard, il l'est certainement. Répétant à l'envi des insultes et des expressions apprises, le perroquet provoque chez sa victime un sentiment d'exaspération qui lui fait perdre son sang-froid. Il met sa victime dans une situation de conflit avec les autres (malentendus) et avec lui-même.
J'étais un peu déçue: le perroquet n'était pour Hergé qu'un volatile décoratif bourré de défauts qui venait distraire et faire sourire les lecteurs de Tintin ? Nous connaissons tous le truc du perroquet qui dénoue l'intrigue policière en dévoilant le nom du criminel (OC). Le perroquet ne venait que servir la narration ?
Non bien sûr, c'est aussi un ami très fidèle qui revient s'installer dans la chambre de son maître décédé, un artiste nommé Balthazar,dans OC. C'est aussi un animal doué d'intelligence puisque les perroquets se transmettent de génération en génération les jurons de l'ancêtre du capitaine, François de Haddock, dans TRR.
D'autre part, la relation conflictuelle avec le perroquet n'est pas simplement due aux morsures et aux bavardages incessants. C'est là que cela devient intéressant. C'est la nature même des paroles proférées par le perroquet qui plonge son adversaire dans l'embarras. En retenant certaines de nos expressions favorites, le perroquet devient un miroir de nous-mêmes.
Dans OC,lorsqu'il lance à Ramon : " Carrramba ! Encore rrraté ! ", ce dernier est prêt à le tuer. Dans TRR, en entendant: " Sac à puces "et " couillon " (désolée, mon album est en version chti), le capitaine Haddock se sent insulté et lance une noix de coco aux perroquets. Leurs réactions sont totalement disproportionnées. Ils sont comme atteints personnellement et comme mis à nu devant le perroquet, comme c'est le cas dans le rêve du capitaine Haddock dans BC.
Les paroles du perroquet leur renvoient et leur dévoilent une image d'eux-mêmes (qu'ils savent vraie) et qu'ils ne veulent pas voir, à savoir celle d'un raté qui n'arrive jamais à viser juste pour Ramon, et celle d'un colérique jureur et intempestif pour le capitaine.
Qui d'entre nous n'a jamais remarqué que nos perroquets retenaient moins souvent ce que l'on voulait leur apprendre que ce qui dévoile nos travers et petites manies, notre personnalité ? Souvent charmant, parfois embarrassant...
Vous pouvez réagir ICI sur ce sujet mis à jour.
Source* : http://wp.me/p3lmpZ-48T
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais les aventures de Tintin ont bercé ma jeunesse et j'ai toujours pour elles beaucoup de tendresse.
C'est pourquoi, lorsqu'un jour, quelqu'un m'a dit : "Tu as un perroquet vert comme dans l'album de Tintin, L'oreille cassée!", cela m'a beaucoup amusée.
J'y ai repensé par la suite et je me suis rendu compte qu'effectivement, il y avait des perroquets dans l'univers de Tintin. Ils revenaient tout de même dans quatre albums: Tintin au Congo (TC), L'oreille cassée (OC), Le trésor de Rackham le Rouge (TRR), et enfin, dans Les bijoux de Castafiore (BC). Hergé n'était donc pas indifférent aux perroquets...
Notre oiseau y apparaît comme un oiseau exotique aux couleurs chatoyantes : ce sont des aras dans TC, TRR et BC, et un amazone semble-t-il dans OC. Mais c'est surtout un oiseau insupportable, pinceur, bavard, et criard.
Pinceur, Milou en fit les frais dans TC et OC, Tintin et Ramon (les bons comme les méchants) dans OC; le capitaine Haddock est une victime de prédilection dans BC.
Bavard et criard, il l'est certainement. Répétant à l'envi des insultes et des expressions apprises, le perroquet provoque chez sa victime un sentiment d'exaspération qui lui fait perdre son sang-froid. Il met sa victime dans une situation de conflit avec les autres (malentendus) et avec lui-même.
J'étais un peu déçue: le perroquet n'était pour Hergé qu'un volatile décoratif bourré de défauts qui venait distraire et faire sourire les lecteurs de Tintin ? Nous connaissons tous le truc du perroquet qui dénoue l'intrigue policière en dévoilant le nom du criminel (OC). Le perroquet ne venait que servir la narration ?
Non bien sûr, c'est aussi un ami très fidèle qui revient s'installer dans la chambre de son maître décédé, un artiste nommé Balthazar,dans OC. C'est aussi un animal doué d'intelligence puisque les perroquets se transmettent de génération en génération les jurons de l'ancêtre du capitaine, François de Haddock, dans TRR.
D'autre part, la relation conflictuelle avec le perroquet n'est pas simplement due aux morsures et aux bavardages incessants. C'est là que cela devient intéressant. C'est la nature même des paroles proférées par le perroquet qui plonge son adversaire dans l'embarras. En retenant certaines de nos expressions favorites, le perroquet devient un miroir de nous-mêmes.
Dans OC,lorsqu'il lance à Ramon : " Carrramba ! Encore rrraté ! ", ce dernier est prêt à le tuer. Dans TRR, en entendant: " Sac à puces "et " couillon " (désolée, mon album est en version chti), le capitaine Haddock se sent insulté et lance une noix de coco aux perroquets. Leurs réactions sont totalement disproportionnées. Ils sont comme atteints personnellement et comme mis à nu devant le perroquet, comme c'est le cas dans le rêve du capitaine Haddock dans BC.
Les paroles du perroquet leur renvoient et leur dévoilent une image d'eux-mêmes (qu'ils savent vraie) et qu'ils ne veulent pas voir, à savoir celle d'un raté qui n'arrive jamais à viser juste pour Ramon, et celle d'un colérique jureur et intempestif pour le capitaine.
Qui d'entre nous n'a jamais remarqué que nos perroquets retenaient moins souvent ce que l'on voulait leur apprendre que ce qui dévoile nos travers et petites manies, notre personnalité ? Souvent charmant, parfois embarrassant...

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Source* : http://wp.me/p3lmpZ-48T