Conte du Bengale : le perroquet

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angelk
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Conte du Bengale : le perroquet

Messagepar angelk » 21 Déc 2010, 11:00

Voici un conte du Bengale. Il traite de façon émouvante de la volonté de l'homme de contraindre l'animal à se comporter comme il le souhaite. La cruauté inconsciente est le thème de cette histoire intitulée "Le perroquet", qui fut publiée en 1324 pour la première fois. C'est une prise de conscience ou une piqûre de rappel douloureuse et riche en émotions. Le nom de l'auteur s'est perdu dans les méandres du temps, hélas.

Le perroquet

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Il était une fois un oiseau. C'était un volatile véritablement idiot. Il chantait des chansons, mais ne savait pas lire les saintes écritures. Il volait et sautait, mais n'avait aucun sens de l'étiquette.
Le roi dit un jour : "ces oiseaux ne sont d'aucune utilité à qui que ce soit ! Ils ne font que manger des fruits dans nos vergers et sont responsables du déficit commercial dans ce domaine."
Il appela l'un de ses ministres et lui ordonna d'éduquer l'animal.
Le neveu du roi fut alors chargé de cette tâche délicate.
Les savants eurent de longues discussions visant à déterminer l'origine de la folie de la créature concernée. Ils en conclurent la chose suivante : "il est impossible de contenir davantage de savoir dans un nid aussi petit que celui que l'oiseau peut construire avec de simples copeaux et brindilles ! Il est nécessaire de lui fabriquer une cage adaptée à ses besoins."
Les savants furent alors amplement récompensés pour leurs recherches et rentrèrent chez eux satisfaits.
L'orfèvre royal commença alors à construire la cage. Celle-ci devint peu à peu la plus exquise et raffinée que l'on ait jamais vu. Tout le monde se précipita pour la voir briller au soleil. Les commentaires fusèrent : "quelle éducation!" ou encore : "éducation ou pas, il est vrai que cet oiseau a enfin une cage ! Quelle chance pour lui ! "
L'orfèvre reçut à son tour un sac rempli de récompenses et il rentra chez lui fort satisfait du travail accompli.
Un précepteur vint ensuite instruire l'élève à plumes. Il prit une pincée de tabac à priser et dit : " quelques livres ne sauraient suffire!
Le neveu du roi convoqua alors les scribes. Ceux-ci copièrent les livres, puis firent des copies de ces copies, ce qui représenta peu à peu un énorme monticule de savoirs divers. Quiconque le voyait s'exclamait : " bravo ! La connaissance va déborder ! "
Les scribes furent richement récompensés, au point qu'aucun de leurs descendants n'aurait plus à souffrir de la pauvreté pour les générations à venir.
Le neveu du roi était sans cesse occupé, prenant un soin infini de la cage en or, la réparant lorsque cela était nécessaire, la nettoyant et la polissant. Tout le monde fut obligé d'admettre "certains signes d'amélioration". De nombreuses personnes l'aidaient dans cette tâche, d'autres étaient chargées de les superviser, aussi de nombreuses poignées d'or furent-elles distribuées.
Le monde manque de certaines choses, et les dénicheurs d'erreurs foisonnent. Certains notèrent : "il y a des améliorations en ce qui concerne la cage, cela est certain, mais personne ne prend soin de l'oiseau ! "
Ces mots ne tardèrent pas à parvenir aux oreilles du roi, qui demanda aussitôt des comptes à son neveu : " qu'entends-je au sujet de l'oiseau ? Est-il vrai que nul ne daigne s'en occuper ? "
Le neveu lui répondit : "votre majesté, si vous voulez connaître la vérité, questionnez l'orfèvre, les savants, les scribes, les réparateurs et leurs superviseurs ainsi que le précepteur. Ceux qui crient à la faute ne peuvent proférer de pareils mensonges. "
La situation devint alors aussi claire que 'eau de source pour le roi, qui offrit un collier en or à son neveu pour le féliciter de son travail.
Le souverain désira alors voir par lui-même les progrès accomplis par l'oiseau grâce à l'éducation. Il se présenta au centre d'éducation accompagné de sa cour.
Dès qu'il atteint l'entrée, il entendit un chœur de cloches, des tambours et des harpes, des flûtes et des harpes, des luths et des violoncelles, des violons et des cymbales, des mandolines et des trombones, ainsi que des clavecins et clavicordes. Les savants agitèrent leurs queues de cochon et commencèrent à chanter des hymnes . Les réparateurs et les superviseurs, l'orfèvre et les scribes accueillirent le roi avec un grand tapage.
Le neveu du roi demanda : `` votre Majesté! Qu'en pensez-vous? ''
Le roi dit : `` c'est impressionnant ! Il s'agit d'un son incroyable! ''
Le neveu du roi répondit : "il n'y a pas que le son majesté, il y a aussi une grande quantité d'argent derrière tout cela! "
Le roi, enchanté par ce qu'il venait d'entendre se dirigea alors vers la porte pour repartir. Mais soudain, il aperçut une silhouette dans un buisson qui murmura : " sire, avez-vous vu l'oiseau ? "
Le roi fut surpris : " ciel, j'allais oublier ! Je ne l'ai pas vu après tout... "
Il entra à nouveau et demanda au précepteur : "je veux voir la méthode que vous utilisez pour enseigner à l'oiseau. "
Et il vit. Ce fut très agréable en effet. La méthode employée était si écrasante par rapport à l'animal que l'on pouvait difficilement le distinguer. Il semblait très pertinent d'observer l'oiseau. Le roi comprit que les arrangements étaient sans fautes. Il n'y avait ni maïs ni eau dans la cage, uniquement des tas de pages arrachées, dont certaines avaient été glissées dans le bec de l'oiseau, qui ne pouvait pas même émettre le moindre chant, le moindre son.
Le roi fut satisfait de cela et s'apprêta à remonter sur son éléphant, demandant à ce que la petite voix du buisson se fasse fortement tirer les oreilles pour sa médisance.
De façon prévisible, l'oiseau s'affaiblit au fil des jours. Les gardiens jugèrent cela encourageant. Cependant, il regardait chaque jour le soleil se lever et battait des ailes d'une façon jugée fort impertinente. Parfois il tentait de sectionner les barreaux de sa cage de son bec maladif.
Les superviseurs trouvaient que cela ne manquait pas d'audace. Le forgeron lui fabriqua aussitôt une chaîne, ses ailes furent taillées.
Chaque fut récompensé, comme à l'accoutumée.
L'oiseau mourut, mais personne n'aurait pu dire quand. Le dénonciateur fit alors circuler la triste nouvelle : "l'oiseau est mort ".
Le roi fit appeler son neveu et lui demanda : " qu'entends-je cher neveu ? "
Le neveu dit : "votre majesté, l'éducation de l'oiseau est désormais achevée ! "
Le roi demanda : " peut-il encore sauter ? "
Le neveu lui dit : " dieu ne plaise. "
Le roi demanda aussi : " peut-il encore voler ? "
Le neveu : " non. "
Le roi : ne peut-il plus chanter ?
Le neveu : "non. "
Le roi : " peut- il crier s'il n'obtient pas de nourriture ? "
Le neveu : " non. "
Le roi : " apportez-moi l'oiseau, je voudrais le voir. "
L'oiseau lui fut alors présenté. Le roi ressentant alors toute la douleur de ce petit être devint l'oiseau. Il n'ouvrit pas la bouche et ne prononça aucun mot. Seules les pages des livres enfoncées à l'intérieur de son estomac firent entendre un son incroyable. Au-dehors, le vent doux du sud et les bois fleuris annoncèrent alors le printemps, les jeunes pousses remplirent le ciel sur le fond d'un soupir lourd et profond. On pouvait y entendre les remords et la tristesse d'un roi auquel le cœur avait fait défaut.

Source : angelk

Maud
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Re: Conte du Bengale : le perroquet

Messagepar Maud » 21 Déc 2010, 11:06

Il est triste ce conte :(
L'amour se multiplie,il ne se divise pas

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angelk
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Re: Conte du Bengale : le perroquet

Messagepar angelk » 21 Déc 2010, 11:14

En effet, mais il reflète assez bien la réalité de ce qui nous entoure selon moi, malheureusement. :oops:

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baguera
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Re: Conte du Bengale : le perroquet

Messagepar baguera » 22 Déc 2010, 07:12

il reflète bien la conn... ie humaine :-(
Baguera,Kitty, Roudoudou, Noisette, Pimousse, Chamalow et Nessie

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Marjorie
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Re: Conte du Bengale : le perroquet

Messagepar Marjorie » 22 Déc 2010, 08:47

Tristement toujours d'actualité :beurk:
"l'Homme est le seul animal qui rougisse;c'est d'ailleurs le seul animal qui ait à rougir de quelque chose."(G-B Shaw)


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