Les perroquets vus à travers les yeux de la société de 1939 (6 ème partie, alimentation, picage)
Étonnement, le registre de l'alimentation des perroquets semble très peu maîtrisée en 1939, puisqu'il est fait référence à l'habitude des perroquets de décortiquer les fruits pour en atteindre le noyau et en déguster l'amande. Cette dernière est décrite comme une " véritable friandise ". Il est possible que certains noyaux soient grugés, mais comme nous le savons désormais, ceux-ci contenant du cyanure, leur consommation est contre-indiquée en captivité. Nous pouvons lire que les psittacidés apprécient grandement les grains de café, qu'ils viennent chercher directement sur le plant, causant parfois de gros dommages dans les cultures. Cela paraît surprenant car la caféine est déconseillée pour nos oiseaux.
Mais lorsque le chapitre de l'alimentation en captivité est abordé, les surprises sont plus nombreuses encore. Ces créatures, jusque là décrites comme essentiellement frugivores, passent tout à coup au rang d'omnivores, comme par enchantement. Nous apprenons alors qu'ils mangent de la soupe ainsi que du pain. En ce qui concerne l'apport de graines, seuls le millet et le chènevis semblent être au menu, puisqu'aucune autre n'est citée. Le persil est cependant déjà considéré comme un " violent poison " .
Les amandes amères de même, sachant que leur teneur en acide hydrocianique est déjà connue à l'époque. La viande est déconseillée, qu'elle soit crue ou cuite. Elle est dite " malsaine " et jugée responsable de maladies de la peau ou de démangeaisons faisant se gratter continuellement les psittacidés ou les conduisant à s'arracher les plumes. Cette forme de picage, même si le vocabulaire est anachronique, ne semble cependant pas souvent toucher les ailes et la queue, mais être localisé sur le reste du corps, dans la limite des zones que le bec peut atteindre.
Monsieur Desmaret décrit tout de même un Amazone à tête blanche (ce que nous nommons de nos jours Amazone à front blanc) qu'il a vu, en ces termes, " le corps était aussi nu que celui d'un poulet prêt à mettre à la broche " . Mais à la décharge de l'oiseau, lorsque nous lisons qu'il a passé deux hivers rigoureux sans problème de santé et qu'il est dans cet état depuis quatre ans déjà, certaines questions sont soulevées. Le picage a commencé avant l'exposition aux températures hivernales, le fait de dormir dehors, que l'on comprend entre les lignes, n'a manifestement pas arrangé le problème. S'il y a été exposé ensuite, l'idée ne semble pas meilleure. Dés lors, comment peut-on affirmer que l'animal est en bonne santé s'il son aspect physique est aussi alarmant ?
C'est là qu'intervient Viellot, contemporain de Desmaret, pour dire que l'alimentation n'est pas toujours responsable de l'auto-mutilation. Mais après cette remarque qui ne semble pourtant pas dénuée de bon sens, il boucle son raisonnement en y associant comme autre cause possible " une démangeaison qui leur survient " et qui selon lui les " force " à arracher leurs plumes pour se soulager.
Les solutions employées pour lutter contre le picage sont variées. Il est conseillé des bains fréquents, ainsi que l'application sur le plumage d'une solution amère à base d'absinthe, de coloquinte ou d’aloès. Nous avons déjà vu que l'aloé vera possédait de grande vertus pour nos oiseaux, au point que nous l'employons encore de nos jours.
Dans notre prochain article, nous aborderons la reproduction, qui était un sujet très délicat à l'époque dont il est question.
Pour reprendre ce dossier depuis le début lisez CECI.
Source : angelk