Les différents dialectes et capacités d'adaptation dans le langage des perroquets
Lorsque les oiseaux grandissent, il ressemblent généralement aux congénères vivant dans la même zone géographique. De même, leur langage se développe suivant l'endroit où ils se trouvent. Cela signifie qu'il existe différents dialectes pour une même espèce.
Tim Wright, chercheur à l'université Mexicaine de Las Cruces, a étudié les psittacidés d'une même espèce, l'Amazone à nuque d'or (Amazona auropalliata) dans trois zones. Cela lui a permis de mettre en évidence trois " dialectes " utilisés en plein vol. Les oiseaux du nord du Costa Rica poussaient un cri ressemblant à " wawa ", ceux du sud de la frontière un " wheep " , et ceux vivant près de la frontière avec le Nicaragua un " wuleep " . Des changements ont également été constaté dans le reste de leur langage.
Chacune de ces trois populations possède le même patrimoine génétique. Mais des recherches plus approfondies ont permis de découvrir que la connaissance du langage n'est pas innée, car les juvéniles sont incapables de chanter comme leur père si celui-ci ne partage pas la vie sociale de leur mère. Les frontières du langage semblent relativement stables, car en dix ans, Tim Wright n'a pas constaté de changement majeur. Les dialectes sont donc ancrés dans les populations d'oiseaux, au même titre que les différentes cultures chez l'Homme. Le fait de déplacer des oiseaux d'une zone dans une autre plus au sud utilisant un dialecte distinct, à 30 km de distance, n'a donné aucun résultat observable, car les sujets sont retournés chez eux par leurs propres moyens. L'expérience a donc été renouvelée à une plus grande distance avec un autre perroquet. Une semaine plus tard, un second issu du même site d'origine y a été déposé à son tour. De façon surprenante, ces deux oiseaux se sont rapprochés et ont passé tout leur temps ensemble.
Des résultats différents ont été obtenus à la saison suivante, avec la mise en présence d'un troisième oiseau du sud, vraisemblablement une femelle. Un rapprochement s'est alors opéré avec les congénères du nord. En l'espace de six semaines, celle-ci savait utiliser le dialecte du nord. Wright en a conclu que cette adaptation était née de la nécessité de s'inscrire dans une colonie. Toutefois, aucun des psittacidés du nord n'a été vu se montrant agressif ou méprisant vis-à-vis des copains importés du sud avec leur accent étrange. Le scientifique est alors parvenu à la conclusion que l'apprentissage d'un nouveau dialecte avait un lien avec la période de la reproduction et la séduction qui lui est inhérente. Les couples d'Amazones à nuque d'or observés chantaient en duo, mâle et femelle en alternance. Néanmoins, au sein d'un même groupe, les chanteurs peuvent se montrer capricieux. Il y a quelques variations individuelles, notamment dûes au patrimoine transmis au contact des parents et pouvant remonter jusqu'à quatre générations. Cependant, un congénère proche est le plus souvent l'inspirateur de ces modulations de thème.
Par ailleurs, il a été établi que le nouveau dialecte peut être appris seulement après l'intégration dans le nouveau groupe. De plus, les sujets juvéniles encore au nid et prématures ont davantage de chances d'assimiler le langage de leurs congénères " étrangers ". Mais cela doit être rattaché à un contexte précis, pour ne pas que les oiseaux y associent un sens incorrect qui nuirait à la communication. De ce fait, la diffusion d'enregistrements ne convient pas pour l'apprentissage.
Sources :
Science News
Dialects, sex-specificity, and individual recognition (B. Z. Roberts, 1997)
http://www.ehow.com/