La mobilité des pupilles des Amazones est-elle liée à leur apprentissage de la parole ?
En 1974, les scientifiques se sont penchés sur les réactions des pupilles des Amazones. Le sujet observé à l'époque, du nom de Seraphita, était une Amazone à front jaune de Panama (Amazona ochrocephala panamensis) de sexe féminin. Ce perroquet était alors âgé de neuf ans. Durant deux ans, le propriétaire de cet oiseau, qui n'était autre que l'auteur de cette étude, a conduit une série d'expériences portant sur le cerveau et la perception. Il a publié ses conclusions sous le titre "Pupils of a talking Parrot" (comprenez "les pupilles d'un perroquet bavard").
Tous ceux qui ont vu de près un jour ou l'autre une Amazone ont été frappés par la vivacité de réaction de ses pupilles. Ces contractions et dilatations soudaines semblent se produire plus intensément lorsque l'animal parle. Gregory Richard avait déjà remarqué cela en observant Seraphita, il y a trente-sept ans de cela. Chez cette dernière, la variation aparaissait même sans ouvrir le bec ni émettre le moindre son, ce qui a éveillé la curiosité du scientifique au point de mettre à jour certaines caractéristiques propres à l'espèce susnommée.
Peu à peu, différentes observations ont émergé au sujet des pupilles :
1- elles diminuent de moitié, puis se dilatent et se contractent à nouveau lorsque l'animal se concentre pour fournir l'énergie liée à la formation des mots et sons qu'elle a appris auparavant.
2- leur mouvement se produit près de 200 milli-secondes avant la production du moindre son. C'est donc un signe annonciateur de communication vocale.
3- certains de leurs mouvements sont moins visibles et plus spontanés, quelques secondes avant que le perroquet ne parle. Cela suggère l'existence d'une sorte d'entraînement cérébral à la formation des mots avant qu'ils ne soient prononcés.
4- le même type de variations furtives accompagne la formation des mots lorsque le psittacidé énonce des mots familiers ou certains sons. Les nuances varient cependant davantage.
5- que ce soit pour émettre des vocalisations ou répondre à des stimuli sonores, il se produit des variations uniquement lorsque les mots ou les sons ont pour l'oiseau une quelconque signification.
Ces travaux ont également démontré que les sons brefs et bruyants, considérés comme des cris d'appel innés, ne génèrent pas de mouvements occulaires particuliers. Par conséquent, seuls les sons et mots acquis en induisent.
D'autre part, les pupilles réagissent en fonction de l'attention sonore ou visuelle portée à une action donnée, laissant penser que la difficulté entre en ligne de compte. Avant un effort intense, des mouvements brefs et répétés apparaissent. Au contraire, leur fréquence diminue pendant une tache nécessitant un effort prolongé. Toutefois, ces phénomènes sont inconscients chez l'oiseau. Les psittacidés vivant dans les zoos présentent des mouvements occulaires moins marqués, ce qui a conduit les scientifiques à en déduire que cela était lié à la parole. Nous pouvons donc en déduire que plus un Amazone est bavard, plus les variations de taille de ses pupilles sont fréquentes. Alors posons-nous la question, qui est notre Amazone ?
Source : Gregory RL, Hopkins S, “Pupils of a talking parrot”