Les perroquets vus par les naturalistes : François Levaillant (1753-1824)
François Levaillant (1753-1824) était un explorateur français passionné d'ornithologie. Issu d'une famille de juristes , il s'est marié à Lunéville en 1773 à Suzanne Denoor, pour en divorcer en 1793. Avec sa seconde épouse, Perrette Charlotte Foyot, il a donné naissance à plusieurs enfants, outre ceux issus de sa première union, dont un certain Jean-Jacques Rousseau, qui deviendra plus tard le naturaliste que l'on connait.
Dès son plus jeune âge, passé en Guyane française et plus précisément à Paramaribo, Levaillant témoignait un intérêt particulier pour la faune, la flore et les espèces sauvages. En 1763, il est parti étudier en Allemagne, puis de 1765 à 1772, en Alsace, où il a fait la connaissance de Jean-Baptiste Bécoeur, qui possédait la plus grande collection ornithologique de l'époque. Ce dernier lui a enseigné comment conserver des oiseaux. Dès 1777, le pli était pris. François Levaillant est parti étudier l'ornithologie à Paris, mais sans tirer aucune satisfaction des collections d'oiseau naturalisés qu'il a pu y voir.
En 1781, Il est envoyé par Jacob Temminck, trésorier de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, en Afrique du Sud. Il en est revienu trois années plus tard, les bras chargés de la peau d'une girafe et de plus de deux mille oiseaux qui allaient constituer sa propre collection d'espèces sauvages. Hélas, il n'a été accueilli que par des critiques et des moqueries. Après quinze ans de vaines tentatives pour vendre sa collection au Musée national d'Histoire Naturelle, il a été contraint de vendre et disperser tout ce qu'il a mis tant de temps à réunir.
Il a alors commencé à mettre sur le papier le récit de ses souvenirs d’explorateur. En 1790 , il a publié un premier ouvrage intitulé " Voyage dans l'Intérieur de l'Afrique " dont le succès international l'a sans doute encouragé à poursuivre en 1796, avec la publication de son " Second voyage dans l'intérieur de l'Afrique " . Entre 1799 et 1808, c'est un recueil de six volumes intitulé " Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique " qu'il allait éditer, le tout richement illustré par Jacques Barraband. Le succès était une fois encore au rendez-vous. Les publications se sont dès lors enchaînées avec de 1801 à 1804, " l'Histoire naturelle d'une partie d'oiseaux nouveaux et rares de l'Amérique et des Indes ", l'Histoire naturelle des oiseaux de paradis " , " l'Histoire naturelle des perroquets " et " l'Histoire naturelle des calaos " .
Ses derniers ouvrages ont cependant été moins bien accueillis par le public et la critique, qui est allée jusqu'à lui reprocher de ne pas rapporter fidèlement ce qu'il avait vu pour mieux vendre ses livres. Des animaux semblaient en effet avoir été créés de toutes pièces dans certaines de ses descriptions. Mais cela n'était pas un illogisme en soi. En effet, déjà Léonard de Vinci en son temps avait indiqué que le seul moyen de représenter ce que l'on avait appris d'après des récits et descriptions sans jamais l'avoir vu était de partir de ce que l'on connaissait. Cela revenait à dire qu'un assemblage de créatures connues permettait d'obtenir une chimère crédible, faute de pouvoir observer et représenter l'original. Il y avait également une particularité à laquelle il était très attaché, à savoir ne pas utiliser la double nomenclature instaurée par Carl von Linné, aussi n'a-t-il volontairement donné qu'un nom français aux nouvelles espèces qu'il évoque. Sa prise de parti reposait sur le fait que Linné n'avait pu observer les espèces qu'il nommait que mortes, dans son laboratoire. Or, Levaillant considérait que le seul moyen de pouvoir les distinguer les unes des autres sans erreur était de les observer vivantes, dans leur milieu naturel. En dépit du débat soulevé à l'époque, il a ouvert les portes de la connaissance de la faune et de la flore d'Afrique du sud à ses contemporains. Nous vous invitons à présent à découvrir quelques unes des illustrations somptueuses figurant dans les ouvrages publiés par Levaillant et Barraband. Livrez-vous à petit jeu en essayant d'établir le parallèle entre les perroquets représentés ici et ceux que l'on connaît de nos jours. Vous verrez à quel point cela peut s'avérer difficile.
Source : http://www.africam.com/