Je vais vous raconter une histoire qui a débuté cet été et s'est poursuivie hier.
En juillet dernier, Magixien roulions à la hauteur d'Entrevaux, une très jolie cité médiévale des Alpes de Haute Provence. Alors que nous passions la voie ferrée, nous avons vu un chien claudiquer sur trois pattes sur la voie d'en face, se léchant de temps à autres la quatrième, qu'il tenait levée et dont l'extrémité semblait brisée. Il s'agissait d'un épagneul qui ne semblait pas tout jeune. Nous nous sommes arrêtés et avons tenté de l'approcher, sans succès. Après une vingtaine de minutes de tentatives infructueuses, nous avons enfin réussi non pas à le toucher, mais à le bloquer dans ce qui semblait être le jardin de sa maison, étant donné qu'une gamelle avec des restes de nourriture s'y trouvait. Nous avons bloqué l'entrée du portail cassé, pour qu'il ne retourne pas sur la route, où une voiture l'avait sans doute heurté. Nous avons repris notre route ce jour là en nous disant qu'au moins il était en sécurité chez lui. Depuis ce jour, ne l'ayant pas revu, je me disais qu'il devait avoir été mis à l'abri ou que dans le pire des cas il lui était arrivé malheur.
Mais hier, en rentrant chez nous, j'ai eu un haut le cœur en le voyant tout à coup étendu au bord de la route. J'ai tout de suite imaginé le pire : qu'il était mort. Nous avons fait demi tour pour aller le voir de plus près (j'ai toujours l'espoir de pouvoir sauver un blessé, même si la bête ne bouge pas). Jusqu'à ce que je descende de voiture, il était inerte, mais à quelques pas, il a lentement levé la tête, et là j'ai vu toute la détresse que l'on peut imaginer, dans un regard éteint, un corps qui tenait plus du squelette qu'autre chose. Je vous assure que j'ai physiquement eu mal pour lui à ce moment, c'est assez difficile à décrire.
J'ai tendu ma main pour la lui faire renifler en lui parlant doucement. Il a tendu la truffe en se relevant, laissant apparaître sa patte brisée et boursouflée, dont l'articulation avait une teinte violette visible à travers la peau. J'ai esquissé un mouvement vers lui pour tenter d'entrer en contact, mais il a commencé à "courir", comme il pouvait. Je l'ai appelé, puis suivi, j'ai même couru à côté de lui sans le regarder, comme je le fais près de mon Orphée lorsqu'elle fugue et refuse de revenir (c'est avec elle la seule méthode qui fonctionne). Je me suis arrêtée face à lui et aussitôt accroupie en tendant la main et en continuant à lui parler pour le rassurer. C'est alors qu'il est descendu et a traversé le ruisseau en contrebas. Je lui ai donné en les lançant, les croquettes que j'avais prises avec moi en sortant de la voiture. Rien n'y a fait. Une demi heure après, j'ai perdu sa trace. Je m'en veux atrocement de n'avoir pas pu le secourir, de ne pas avoir pu l'atteindre une seconde fois. Je ne peux qu'espérer le croiser à nouveau, si sa santé le lui permet, car il me semble en grand danger.
Peut-être aurez-vous des conseils à me prodiguer pour réussir à l'approcher, si j'ai cette chance...