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Bestiaire de plumes



Je ne pouvais pas clore définitivement le chapitre de l'exposition "Beauté animale", sans vous parler de nos amis à plumes qui ont su traverser et habiter cette exposition avec autant de force que de légèreté. La palette de leurs couleurs chatoyantes y est déclinée avec virtuosité, l'élégance de leur allure plumeuse est parfois poussée jusqu'à son paroxysme, la richesse et la diversité des espèces y est célébrée avec enthousiasme. La découverte, au XVI ième siècle, de nouvelles espèces exotiques ramenées lors des explorations du Nouveau-Monde, l'observation minutieuse de ces espèces rendues possible grâce à la constitution de cabinets de curiosités (oiseaux naturalisés) et de ménageries (oiseaux vivants), passionnent les artistes et suscitent chez eux un intérêt croissant pour l'histoire naturelle. Leurs oeuvres témoignent d'une volonté de rendre compte du monde avec le regard précis du savant.



Le dindon et le flamand rose sont deux exemples de cette délicate symbiose entre l'art et la science qui s'enrichissent mutuellement. Ces deux études, finement ourlées de réalisme, viennent illustrer des traités de zoologie et d'histoire naturelle.



Cette magnifique autruche ornait les murs de la ménagerie de Louis XIV. Son caractère exotique et la magnificence de son plumage rendent compte de la puissance royale et de sa main mise sur des terres lointaines.

Le ballet de plumes est encore plus saisissant dans les compositions.
La découverte de nouvelles espèces a laissé penser aux artistes de l'époque que leur nombre tendait vers l'infini, et ils ne se lassent pas de représenter la diversité que leur offre l'inventivité de la nature, en faisant cohabiter avec bonheur non seulement des espèces apparentées,





mais également des familles et des genres variés évoluant sur des continents différents.







Dans les représentations de l'épisode biblique de l'arche de Noé, la colombe et le corbeau ne sont plus désormais les héros de l'histoire. L'artiste insiste sur le foisonnement d'oiseaux et fait la part belle aux nouveaux venus comme les perroquets, les dindons et autre casoar.





L'oeuvre d'un anonyme allemand, intitulée "les oiseaux" (présentée ci-dessous) me semble à cet égard tout à fait emblématique de l'esprit qui anime la démarche des artistes de la Renaissance. On y retrouve l'accumulation extraordinaire des variétés de formes et de couleurs que nous offre la nature au travers des oiseaux, dont l'enchevêtrement serré rappelle celui des ramifications d'un arbre de vie. Cette manière généreuse d'embrasser le monde laisse toutefois de la place pour un souci inattendu de réalisme et de rigueur scientifique , qui est celui de s'approcher au plus près de la morphologie réelle des oiseaux. De ce fait, nous pouvons encore aujourd'hui identifier les soixante-et-onze espèces d'oiseaux représentées.



Dans l'art contemporain, l'expression artistique s'émancipe de la science et trace son propre chemin. L'exigence du détail réaliste s'estompe au profit d'une recherche tout aussi exigeante, celle de la nature profonde ou essence de l'oiseau qui se cache sous l'apparence extérieure. La disparition des couleurs, le lissage de la matière et l'épuration des formes n'empêchent pas ces oiseaux stylisés d'être débordants de vitalité.





Cette recherche atteint un point de non-retour lorsque représenter l'oiseau n'est plus une fin en soi pour l'artiste. L'oiseau devient alors un moyen, un "prétexte" qui permet à l'artiste d'explorer un monde autre et d'expérimenter des dimensions inédites.



Source : Christine

Merci Christine, cet exposé se termine par une explosion de couleurs qui me fait encore davantage regretter de ne pas avoir pu assister à cette merveilleuse exposition.
Je suis toujours saisie par le modernisme du tableau allemand anonyme. Cela est plus évident encore ici, associé à d'autres réalisés par des artistes de la même époque, à un an ou deux près.
Je ne suis pas fan de la chouette en colère de Picasso en revanche, je trouve que ce grand homme nous avait habitués à mieux.
Quant à l'oiseau qui n'est pas à sa place, je pense qu'il s'agit de l'Ibis rouge.

Quelle belle expo Christine !
Le tableau de Bachelier me plaît beaucoup ainsi que celui des aras et perruches alexandre,
et contrairement à Angelk, la chouette de Picasso, j'adooore !
C'est tout à fait lui

j'aime beaucoup l'autruche, les couleurs derrière elle sont douces et le Dindon me plait aussi

Encore un régal de te lire
Tu nous as gardé le meilleur pour la fin
J'aime beaucoup l'atmosphère et la lumière des oiseaux aquatiques pour ma part
Je n'avais jamais remarqué qu'il y avait une chauve souris sur la toile de l'anonyme alors que c'est un tableau que j'aime beaucoup

Merci à vous
J'ai été véritablement fascinée par l'anonyme, il fait tellement surréaliste !
J'ai été surprise en revanche par l'intérêt effréné porté au dindon au moment de sa découverte.
Je me demande s'il n'a pas volé la vedette au perroquet...

Vraiment ? Qu'est-ce-qui t'a donné cette impression ?

Le dindon était très présent dans l'exposition, dont une sculpture de Jean Boulogne, étonnamment moderne elle aussi. Deux traités d'histoire naturelle étaient ouverts sur la page du dindon. J'ai trouvé qu'il avait un traitement de faveur

C'était peut-être un animal plus familier, faisant partie de la basse-cour.

Tu as sans doute raison, il était peut-être plus populaire que le perroquet.
C'est un oiseau qui fait la roue, comme le paon ; on le trouvait très élégant
Trop fondant, ton petit Citron !
C'est un montage ou tu l'a vraiment convaincu qu'il était irresistible avec un pompon ?

Non, je ne pense pas qu'il se serait laissé convaincre, j'ai donc été obligée de feinter.

Tu me rassures