"El Jardiner", le château en Espagne des chats errants
En Espagne comme en France, le problème des chats errants est un sujet préoccupant. Comme partout ailleurs, les refuges tentent de les faire adopter en les accueillant, mais dans la ville de Barcelone, bien que les proportions soient différentes, il est un lieu hors du commun. Loin de l'image d'Epinal des félins entassés par dizaines dans de vastes enclos grillagés, se trouve "El Jardiner". Ce havre de paix est situé au cœur du centre-ville, dans le jardin situé sur une toute petite place du nom de "Canonge Colomb". Nous l'avons découvert par hasard, au détour d'une rue, alors que l'une des bénévoles était présente.
Seule une vingtaine de chats environ s'y trouvent en moyenne, et si aucun d'eux n'est visible dans les rues, l'action des âmes charitables n'y est sans doute pas étrangère. Lorsque nous expliquons à notre interlocutrice que c'est par centaines qu'ils attendent de trouver une maison chez nous, elle semble étonnée. L'idée même que les chatons puissent être euthanasiés lorsqu'ils sont trop jeunes pour la stérilisation la choque, car en Espagne aucune loi n'impose cela. Il faut dire que le nombre concernés est moindre, ce qui n'impose sans doute pas de légiférer en la matière.
Les bénévoles sont aidés par des bienfaiteurs, qui donnent de l'argent, de la nourriture ou des accessoires divers pour les animaux. A leur arrivée à "El Jardiner", chacun de ces derniers a une marque distinctive, qui consiste en une taille de l'oreille (généralement la droite). Un cinquième est coupé horizontalement pour les identifier. Jusqu'à la fin de leurs jours, ils garderont l'empreinte de leur passage dans le refuge. Lorsque le nombre de chats devient trop important, des familles d'accueil prennent provisoirement le relais pour soulager le travail effectué sur place.
Ce qui frappe au premier abord dans "El Jardiner", c'est le calme des pensionnaires. Chacun vaque à des occupations normales, comme s'il avait toujours été là, l'un grattant la terre pour y faire ses besoins, l'autre s'étirant nonchalamment dans un panier avant de reprendre sa sieste. Les passants peuvent approcher le double grillage de la clôture, parler aux pensionnaires et les caresser à travers, ce qui contribue à faire de ces derniers de merveilleux compagnons par la suite, la socialisation étant opérée naturellement.
Certes, la leucose féline a passé les frontières, et il n'est pas rare qu'un nouveau venu en soit atteint, surtout lorsqu'il est relativement âgé. Cependant, les habitants se sentent concernés par ces petites bêtes vivant sous leurs fenêtres, et c'est régulièrement qu'ils prennent l'initiative de prévenir le refuge lorsqu'une portée sans maître est détectée.
Quoi qu'il en soit, ce qu'il faut retenir, c'est le cadre de vie privilégié de ces candidats à l'adoption, leur intégration au sein de la cité quand chez nous ils seraient exilés en périphérie. Dans un pays rongé par la crise, comme nous le rappellent les manifestations quotidiennes dans les rues ainsi que les banderoles affichées sur les maisons et édifices publics, la préoccupation des êtres vivants reste intacte, une belle leçon à retenir.
Source : angelk